mardi 25 mars 2008

Comores : L'Union Africaine marque des points

Il aura fallu moins de 57 minutes aux troupes de l'Union Africaines secondées par la centaine de soldats gouvernementaux Comoriens pour venir à bout de la main mise du fantasque colonel Mohamed Bacar sur l'île d'Anjouan, l'une des trois constituant l'Union des Comores.

Ce premier grand succès de rétablissement de l'autorité d'un Etat frère - après 7 années de turbulence couplé à un silence assourdissant de la Communauté Internationale face à ce colonel farfelu qui souhaitait offrir à la France la belle île d'Anjouan -, ce succès disais-je est à saluer et participe de ces faits qui donnent à se persuader que le temps de la maturité en Afrique est proche.

La solidarité Africaine commence à prendre corps dans les actes.

Grand bravo à tous ces chefs d'Etat d'Afrique qui ont outrepassé les consignes de prudence dissuasives de l'Union Européenne, et qui par la mise à disposition des unités combattantes et des moyens logistiques conséquents ont rendu possible ce premier blitzkrieg démocratique.

Après les succès (en cours) du règlement du conflit Ivoirien par les Ivoiriens, et aujourd'hui, l'intervention réussie des forces de l'Union Africaine aux Comores, on sent qu'une prise de conscience trans-égotique s'enracine en Afrique et est appelée à se structurer, à s'exprimer et produire de plus belles oeuvres.

De quoi nous nourrir d'Afro-optimisme, et nous inviter à davantage nous "tuer" à la tâche.

samedi 22 mars 2008

Un chef d'oeuvre historique, Le discours d'Obama sur la race

La campagne Américaine aborde un tournant. L'heure des grandes manoeuvres a sonné. C'est maintenant où jamais les choses se feront.

La semaine dernière a été marquée par une subite campagne de presse sur des prêches enflammées, vielles de plus d'une demi douzaine d'années du Pasteur Jeremiah Wright, un proche de Barack Obama.

Il a fallu très peu de temps au sénateur Obama (moins de 24h) pour produire ce discours immense, que beaucoup y compris chez les républicains considère comme l'un des plus dense qu'il leur ait été donné d'entendre, un discours pour l'histoire, pour l'éternité. Le meilleur parmi les meilleurs. Une oeuvre d'art litteraire.

Cet homme est inouï, bourré de charisme, d'intelligence, l'Amérique saura-t-elle être à hauteur ?

Bonne lecture.


« Nous le peuple, dans le but de former une union plus parfaite.

Il y a deux cent vingt et un ans, un groupe d'hommes s’est rassemblé dans une salle qui existe toujours de l'autre côté de la rue, et avec ces simples mots, lança l'aventure inouïe de la démocratie américaine.

Agriculteurs et savants, hommes politiques et patriotes qui avaient traversé l’océan pour fuir la tyrannie et les persécutions, donnèrent enfin forme à leur déclaration d’indépendance lors d’une convention qui siégea à Philadelphie jusqu’au printemps 1787.

Ils finirent par signer le document rédigé, non encore achevé. Ce document portait le stigmate du péché originel de l’esclavage, un problème qui divisait les colonies et faillit faire échouer les travaux de la convention jusqu’à ce que les pères fondateurs décident de permettre le trafic des esclaves pendant encore au moins vingt ans, et de laisser aux générations futures le soin de l’achever.

Bien sur, la réponse à la question de l’esclavage était déjà en germe dans notre constitution, une constitution dont l’idéal de l’égalité des citoyens devant la loi est le cœur, une constitution qui promettait à son peuple la liberté et la justice, et une union qui pouvait et devait être perfectionnée au fil du temps.

Et pourtant des mots sur un parchemin ne suffirent ni à libérer les esclaves de leurs chaînes, ni à donner aux hommes et aux femmes de toute couleur et de toute croyance leurs pleins droits et devoirs de citoyens des Etats-Unis

Il fallait encore que, de génération en génération, les Américains s’engagent —en luttant et protestant, dans la rue et dans les tribunaux, et en menant une guerre civile et une campagne de désobéissance civile, toujours en prenant de grands risques—, pour réduire l'écart entre la promesse de nos idéaux et la réalité de leur temps.

C’est l’une des tâches que nous nous sommes fixées au début de cette campagne —continuer la longue marche de ceux qui nous ont précédé, une marche pour une Amérique plus juste, plus égale, plus libre, plus généreuse et plus prospère.

J’ai choisi de me présenter aux élections présidentielles à ce moment de l’histoire parce que je crois profondément que nous ne pourrons résoudre les problèmes de notre temps que si nous les résolvons ensemble, que nous ne pourrons parfaire l’union que si nous comprenons que nous avons tous une histoire différente mais que nous partageons de mêmes espoirs, que nous ne sommes pas tous pareils et que nous ne venons pas du même endroit mais que nous voulons aller dans la même direction, vers un avenir meilleur pour nos enfants et petits-enfants.

Cette conviction me vient de ma foi inébranlable en la générosité et la dignité du peuple Américain. Elle me vient aussi de ma propre histoire d'Américain. Je suis le fils d'un noir du Kenya et d'une blanche du Kansas. J’ai été élevé par un grand-père qui a survécu à la Dépression et qui s'est engagé dans l'armée de Patton pendant la deuxième Guerre Mondiale, et une grand-mère blanche qui était ouvrière à la chaîne dans une usine de bombardiers quand son mari était en Europe.

J’ai fréquenté les meilleures écoles d'Amérique et vécu dans un des pays les plus pauvres du monde. J’ai épousé une noire américaine qui porte en elle le sang des esclaves et de leurs maîtres, un héritage que nous avons transmis à nos deux chères filles.

J’ai des frères, des sœurs, des nièces, des neveux des oncles et des cousins, de toute race et de toute teinte, dispersés sur trois continents, et tant que je serai en vie, je n'oublierai jamais que mon histoire est inconcevable dans aucun autre pays.

C’est une histoire qui ne fait pas de moi le candidat le plus plausible. Mais c’est une histoire qui a gravé au plus profond de moi l’idée que cette nation est plus que la somme de ses parties, que de plusieurs nous ne faisons qu’un.

Tout au long de cette première année de campagne, envers et contre tous les pronostics, nous avons constaté à quel point les Américains avaient faim de ce message d'unité.

Bien que l’on soit tenté de juger ma candidature sur des critères purement raciaux, nous avons remporté des victoires impressionnantes dans les états les plus blancs du pays. En Caroline du Sud, où flotte encore le drapeau des Confédérés, nous avons construit une coalition puissante entre Afro-Américains et Américains blancs.

Cela ne veut pas dire que l'appartenance raciale n'a joué aucun rôle dans la campagne. A plusieurs reprises au cours de la campagne, des commentateurs m’ont trouvé ou « trop noir » ou « pas assez noir ».

Nous avons vu surgir des tensions raciales dans la semaine qui a précédé les primaires de la Caroline du Sud. Les médias ont épluché chaque résultat partiel, à la recherche de tout indice de polarisation raciale, pas seulement entre noirs et blancs mais aussi entre noirs et bruns.

Et pourtant ce n’est que ces deux dernières semaines que la question raciale est devenue un facteur de division.

D’un côté on a laissé entendre que ma candidature était en quelque sorte un exercice de discrimination positive, basé seulement sur le désir de libéraux [Ndt : gens de gauche] candides d’acheter à bon marché la réconciliation raciale.

D’un autre côté on a entendu mon ancien pasteur, le Rev. Jeremiah Wright, exprimer dans un langage incendiaire des opinions qui risquent non seulement de creuser le fossé entre les races mais aussi de porter atteinte à ce qu’il y a de grand et de bon dans notre pays. Voilà qui, à juste titre choque blancs et noirs confondus.

J’ai déjà condamné sans équivoque aucune les déclarations si controversées du Rev. Wright. Il reste des points qui en dérangent encore certains.

Est-ce que je savais qu’il pouvait à l’occasion dénoncer avec violence la politique américaine intérieure et étrangère ? Bien sûr. M’est-il arrivé de l’entendre dire des choses contestables quand j’étais dans son église ? Oui. Est-ce que je partage toutes ses opinions politiques ? Non, bien au contraire ! Tout comme j’en suis sûr beaucoup d’entre vous entendent vos pasteurs, prêtres ou rabbins proférer des opinions que vous êtes loin de partager.

Mais les déclarations à l’origine de ce récent tollé ne relevaient pas seulement de la polémique. Elles n’étaient pas que l’indignation d’un leader spirituel dénonçant les injustices ressenties.

Elles reflétaient plutôt une vue profondément erronée de ce pays —une vue qui voit du racisme blanc partout, une vue qui met l'accent sur ce qui va mal en Amérique plutôt que sur ce qui va bien. Une vue qui voit les racines des conflits du Moyen-Orient essentiellement dans les actions de solides alliés comme Israël, au lieu de les chercher dans les idéologies perverses et haineuses de l'Islam radical.

Le Rev. Jeremiah Wright ne fait pas que se tromper, ses propos sèment la discorde à un moment où nous devons trouver ensemble des solutions à nos énormes problèmes : deux guerres, une menace terroriste, une économie défaillante, une crise chronique du système de santé, un changement climatique aux conséquences désastreuses. Ces problèmes ne sont ni noirs ni blancs, ni hispaniques ni asiatiques mais ce sont des problèmes qui nous concernent tous.

Au vu de mon parcours, de mes choix politiques et des valeurs et idéaux auxquels j’adhère, on dira que je ne suis pas allé assez loin dans ma condamnation. Et d’abord pourquoi m’être associé avec le Rev. Jeremiah Wright, me demandera-t-on ? Pourquoi ne pas avoir changé d’église ?

J’avoue que si tout ce que je savais du Rev. Wright se résumait aux bribes de sermons qui passent en boucle à la télévision et sur YouTube, ou si la Trinity United Church of Christ ressemblait aux caricatures colportées par certains commentateurs, j’aurais réagi de même.

Mais le fait est que ce n’est pas tout ce que je sais de cet homme. L’homme que j’ai rencontré il y a plus de vingt ans est l’homme qui m’a éveillé à ma foi. Un homme pour qui aimer son prochain, prendre soin des malades et venir en aide aux miséreux est un devoir.

Voilà un homme qui a servi dans les Marines, qui a étudié et enseigné dans les meilleures universités et séminaires et qui pendant plus de trente ans a été à la tête d’une église, qui en se mettant au service de sa communauté accomplit l’œuvre de Dieu sur terre : loger les sans-abris, assister les nécessiteux, ouvrir des crèches, attribuer des bourses d’études, rendre visite aux prisonniers, réconforter les séropositifs et les malades atteints du sida.

Dans mon livre, Les Rêves de mon père, je décris mes premières impressions de l’église de la Trinity:

« L'assistance se mit à crier, à se lever, à taper des mains, et le vent puissant de son souffle emportait la voix du révérend jusqu'aux chevrons (...). Et dans ces simples notes — espoir ! — j’entendis autre chose. Au pied de cette croix, à l'intérieur des milliers d'églises réparties dans cette ville, je vis l'histoire de noirs ordinaires se fondre avec celles de David et Goliath, de Moïse et Pharaon, des chrétiens jetés dans la fosse aux lions, du champ d’os desséchés d’Ezékiel.

Ces histoires —de survie, de liberté, d’espoir— devenaient notre histoire, mon histoire ; le sang qui avait été versé était notre sang, les larmes étaient nos larmes. Cette église noire, en cette belle journée, était redevenue un navire qui transportait l’histoire d’un peuple jusqu'aux générations futures et jusque dans un monde plus grand.

Nos luttes et nos triomphes devenaient soudain uniques et universels, noirs et plus que noirs. En faisant la chronique de notre voyage, les histoires et les chants nous donnaient un moyen de revendiquer des souvenirs dont nous n'avions pas à avoir honte (…), des souvenirs que tout le monde pouvait étudier et chérir - et avec lesquels nous pouvions commencer à reconstruire. »


Telle a été ma première expérience à Trinity. Comme beaucoup d’églises majoritairement noires, Trinity est un microcosme de la communauté noire : on y voit le médecin et la mère assistée, l’étudiant modèle et le voyou repenti.

Comme toutes les autres églises noires, les services religieux de Trinity résonnent de rires tapageurs et de plaisanteries truculentes. Et ça danse, ça tape des mains, ça crie et ça hurle, ce qui peut paraître incongru à un nouveau venu

L'église contient toute la tendresse et la cruauté, l’intelligence l’extrême et l’ignorance crasse, les combats et les réussites, tout l'amour et, oui, l'amertume et les préjugés qui sont la somme de l’expérience noire en Amérique.

Et cela explique sans doute mes rapports avec le Rev. Wright. Si imparfait soit-il, je le considère comme un membre de ma famille. Il a raffermi ma foi, célébré mon mariage et baptisé mes enfants.

Jamais dans mes conversations avec lui ne l’ai-je entendu parler d’un groupe ethnique en termes péjoratifs, ou manquer de respect ou de courtoisie envers les blancs avec qui il a affaire. Il porte en lui les contradictions — le bon et le mauvais— de la communauté qu’il sert sans se ménager depuis tant d’années.

Je ne peux pas plus le renier que je ne peux renier la communauté noire, je ne peux pas plus le renier que je ne peux renier ma grand-mère blanche, une femme qui a fait tant de sacrifices pour moi, une femme qui m'aime plus que tout au monde, mais aussi une femme qui m’avouait sa peur des noirs qu’elle croisait dans la rue et que, plus d'une fois, j’ai entendu faire des remarques racistes qui m'ont répugné.

Ces personnes sont une partie de moi. Et elles font partie de l’Amérique, ce pays que j’aime.

D'aucuns verront ici une tentative de justifier ou d’excuser des propos tout à fait inexcusables. Je peux vous assurer qu’il n’en est rien. Je suppose qu’il serait plus prudent, politiquement, de continuer comme si de rien n'était, en espérant que toute l’affaire sera vite oubliée.

Nous pourrions faire peu de cas du Rev. Wright, et ne voir en lui qu’un excentrique ou un démagogue, tout comme certains l’ont fait dans le cas de Geraldine Ferraro, l’accusant, à la suite de ses récentes déclarations, de préjugé racial.

Mais je crois que ce pays, aujourd'hui, ne peut pas se permettre d'ignorer la problématique de race. Nous commettrions la même erreur que le Rev. Wright dans ses sermons offensants sur l'Amérique —en simplifiant, en recourant à des stéréotypes et en accentuant les côtés négatifs au point de déformer la réalité.

Le fait est que les propos qui ont été tenus et les problèmes qui ont été soulevés ces dernières semaines reflètent les aspects complexes du problème racial que n’avons jamais vraiment explorés — une partie de notre union qui nous reste encore à parfaire.

Et si nous abandonnons maintenant pour revenir tout simplement à nos positions respectives, nous n'arriverons jamais à nous unir pour surmonter ensemble les défis que sont l'assurance maladie, l'éducation ou la création d'emplois pour chaque Américain.

Pour comprendre cet état de choses, il faut se rappeler comment on en est arrivé là. Comme l’a écrit William Faulkner : « Le passé n’est pas mort et enterré. En fait il n’est même pas passé. » Nul besoin ici de réciter l’histoire des injustices raciales dans ce pays

Mais devons nous rappeler que si tant de disparités existent dans la communauté afro-américaine d’aujourd’hui, c’est qu’elles proviennent en droite ligne des inégalités transmises par la génération précédente qui a souffert de l'héritage brutal de l'esclavage et de Jim Crow.

La ségrégation à l’école a produit et produit encore des écoles inférieures. Cinquante ans après Brown vs. The Board of Education, rien n’a changé et la qualité inférieure de l’éducation que dispensent ces écoles aide à expliquer les écarts de réussite entre les étudiants blancs et noirs d’aujourd’hui.

La légalisation de la discrimination —des noirs qu’on empêchait, souvent par des méthodes violentes, d'accéder a la propriété, des crédits que l’on accordait pas aux entrepreneurs afro-américains, des propriétaires noirs qui n'avaient pas droit aux prêts du FHA [Ndt : Federal Housing Administration, l’administration fédérale en charge du logement], des noirs exclus des syndicats, des forces de police ou des casernes de pompiers, a fait que les familles noires n’ont jamais pu accumuler un capital conséquent à transmettre aux générations futures.

Cette histoire explique l’écart de fortune et de revenus entre noirs et blancs et la concentration des poches de pauvreté qui persistent dans tant de communautés urbaines et rurales d’aujourd’hui.

Le manque de débouchés parmi les noirs, la honte et la frustration de ne pouvoir subvenir aux besoins de sa famille ont contribué a la désintégration des familles noires —un problème que la politique d’aide sociale, pendant des années, a peut-être aggravée. Le manque de service publics de base dans un si grand nombre de quartiers noirs —des aires de jeux pour les enfants, des patrouilles de police, le ramassage régulier des ordures et l'application des codes d'urbanisme, tout cela a crée un cycle de violence, de gâchis et de négligences qui continue de nous hanter.

C'est la réalité dans laquelle le Rev. Wright et d’autres Afro-Américains de sa génération ont grandi. Ils sont devenus adultes à la fin des années 50 et au début des années 60, époque ou la ségrégation était encore en vigueur et les perspectives d'avenir systématiquement réduites.

Ce qui est extraordinaire, ce n’est pas de voir combien ont renoncé devant la discrimination, mais plutôt combien ont réussi à surmonter les obstacles et combien ont su ouvrir la voie à ceux qui, comme moi, allaient les suivre.

Mais pour tous ceux qui ont bataillé dur pour se tailler une part du Rêve Américain, il y en a beaucoup qui n'y sont pas arrivés – ceux qui ont été vaincus, d’une façon ou d’une autre, par la discrimination.

L’expérience de l'échec a été léguée aux générations futures : ces jeunes hommes et, de plus en plus, ces jeunes femmes que l'on voit aux coins des rues ou au fond des prisons, sans espoir ni perspective d'avenir. Même pour les noirs qui s'en sont sortis, les questions de race et de racisme continuent de définir fondamentalement leur vision du monde.

Pour les hommes et les femmes de la génération du Rev. Wright, la mémoire de l’humiliation de la précarité et de la peur n’a pas disparu, pas plus que la colère et l’amertume de ces années.

Cette colère ne s’exprime peut-être pas en public, devant des collègues blancs ou des amis blancs. Mais elle trouve une voix chez le coiffeur ou autour de la table familiale. Parfois cette colère est exploitée par les hommes politiques pour gagner des voix en jouant la carte raciale, ou pour compenser leur propre incompétence.

Et il lui arrive aussi de trouver une voix, le dimanche matin à l’église, du haut de la chaire ou sur les bancs des fidèles. Le fait que tant de gens soient surpris d’entendre cette colère dans certains sermons du Rev. Wright nous rappelle le vieux truisme, à savoir que c’est à l’office du dimanche matin que la ségrégation est la plus évidente.

Cette colère n’est pas toujours une arme efficace. En effet, bien trop souvent, elle nous détourne de nos vrais problèmes, elle nous empêche de confronter notre part de responsabilité dans notre condition, et elle empêche la communauté afro-américaine de nouer les alliances indispensables à un changement véritable.

Mais cette colère est réelle, et elle est puissante, et de souhaiter qu’elle disparaisse, de la condamner sans en comprendre les racines ne sert qu’à creuser le fossé d’incompréhension qui existe entre les deux races.

Et de fait, il existe une colère similaire dans certaines parties de la communauté blanche. La plupart des Américains de la classe ouvrière et de la classe moyenne blanche n'ont pas l’impression d’avoir été spécialement favorisés par leur appartenance raciale.

Leur expérience est l’expérience de l’immigrant —dans leur cas, ils n’ont hérité de personne, ils sont partis de rien. Ils ont travaillé dur toute leur vie, souvent pour voir leurs emplois délocalisés et leurs retraites partir en fumée.

Ils sont inquiets pour leur avenir, ils voient leurs rêves s’évanouir; à une époque de stagnation des salaires et de concurrence mondiale, les chances de s’en sortir deviennent comme un jeu de somme nulle où vos rêves se réalisent au dépens des miens.

Alors, quand on leur dit que leurs enfants sont affectés à une école à l’autre bout de la ville, quand on leur dit qu’un Afro-Américain qui décroche un bon job ou une place dans une bonne faculté est favorisé à cause d’une injustice qu’ils n’ont pas commise, quand on leur dit que leur peur de la délinquance dans les quartiers est une forme de préjugé, la rancœur s'accumule au fil du temps.

Comme la colère au sein de la communauté noire qui ne s’exprime pas en public, ces choses qui fâchent ne se disent pas non plus. Mais elles affectent le paysage politique depuis au moins une génération.

C’est la colère envers la politique d’assistance de l’Etat-Providence et la politique de discrimination positive qui ont donné naissance à la Coalition Reagan. Les hommes politiques ont systématiquement exploité la peur de l’insécurité à des fins électorales. Les présentateurs des talk-shows et les analystes conservateurs se sont bâti des carrières en débusquant des accusations de racisme bidon, tout en assimilant les débats légitimes sur les injustices et les inégalités raciales à du politiquement correct ou du racisme a rebours.

Tout comme la colère noire s’est souvent avérée contre-productive, la rancœur des blancs nous a aveuglés sur les véritables responsables de l’étranglement de la classe moyenne —une culture d’entreprise où les délits d'initiés, les pratiques comptables douteuses et la course aux gains rapides sont monnaie courante ; une capitale sous l'emprise des lobbies et des groupes de pression, une politique économique au service d'une minorité de privilégiés.

Et pourtant, souhaiter la disparition de cette rancœur des blancs, la qualifier d’inappropriée, voire de raciste, sans reconnaître qu’elle peut avoir des causes légitimes —voila aussi qui contribue à élargir la fracture raciale et faire en sorte que l’on n'arrive pas à se comprendre.

Voilà où nous en sommes actuellement : incapables depuis des années de nous extirper de l'impasse raciale. Contrairement aux dires de certains de mes critiques, blancs ou noirs, je n'ai jamais eu la naïveté de croire que nous pourrions régler nos différends raciaux en l'espace de quatre ans ou avec une seule candidature, qui plus est une candidature aussi imparfaite que la mienne.

Mais j’ai affirmé ma conviction profonde—une conviction ancrée dans ma foi en Dieu et ma foi dans le peuple américain—qu’en travaillant ensemble nous arriverons à panser nos vieilles blessures raciales et qu’en fait nous n’avons plus le choix si nous voulons continuer d’avancer dans la voie d’une union plus parfaite.

Pour la communauté afro-américaine, cela veut dire accepter le fardeau de notre passé sans en devenir les victimes, cela veut dire continuer d’exiger une vraie justice dans tous les aspects de la vie américaine. Mais cela veut aussi dire associer nos propres revendications –meilleure assurance maladie, meilleures écoles, meilleurs emplois—aux aspirations de tous les Américains, qu’il s’agisse de la blanche qui a du mal à briser le plafond de verre dans l’échelle hiérarchique, du blanc qui a été licencié ou de l'immigrant qui s’efforce de nourrir sa famille.

Cela veut dire aussi assumer pleinement nos responsabilités dans la vie — en exigeant davantage de nos pères, en passant plus de temps avec nos enfants, en leur faisant la lecture, en leur apprenant que même s'ils sont en butte aux difficultés et à la discrimination, ils ne doivent jamais succomber au désespoir et au cynisme : ils doivent toujours croire qu’ils peuvent être maîtres de leur destinée.

L’ironie, c’est que cette notion si fondamentalement américaine –et, oui, conservatrice—de l’effort personnel, on la retrouve souvent dans les sermons du Rev. Wright. Mais ce que mon ancien pasteur n’a pas compris, c’est qu’on ne peut pas chercher à s’aider soi-même sans aussi croire que la société peut changer.

L’erreur profonde du Rev. Wright n’est pas d’avoir parlé du racisme dans notre société. C’est d’en avoir parlé comme si rien n'avait changé, comme si nous n'avions pas accompli de progrès, comme si ce pays —un pays ou un noir peut être candidat au poste suprême et construire une coalition de blancs et de noirs, d'hispaniques et d'asiatiques, de riches et de pauvres, de jeunes et de vieux—était encore prisonnier de son passé tragique. Mais ce que nous savons – ce que nous avons vu—c’est que l’Amérique peut changer. C’est là le vrai génie de cette nation. Ce que nous avons déjà accompli nous donne de l’espoir —l’audace d’espérer —pour ce que nous pouvons et devons accomplir demain.

Pour ce qui est de la communauté blanche, la voie vers une union plus parfaite suppose de reconnaître que ce qui fait souffrir la communauté afro-américaine n’est pas le produit de l’imagination des noirs ; que l’héritage de la discrimination —et les épisodes actuels de discrimination, quoique moins manifestes que par le passé- sont bien réels et doivent être combattus.

Non seulement par les mots, mais par les actes —en investissant dans nos écoles et nos communautés ; en faisant respecter les droits civils et en garantissant une justice pénale plus équitable ; en donnant à cette génération les moyens de s'en sortir, ce qui faisait défaut aux générations précédentes.

Il faut que tous les Américains comprennent que vos rêves ne se réalisent pas forcément au détriment des miens ; qu'investir dans la santé, les programmes sociaux et l'éducation des enfants noirs, bruns et blancs contribuera à la prospérité de tous les Américains.

En fin de compte, ce que l’on attend de nous, ce n’est ni plus ni moins ce que toutes les grandes religions du monde exigent —que nous nous conduisions envers les autres comme nous aimerions qu’ils se conduisent envers nous. Soyons le gardien de notre frère, nous disent les Ecritures. Soyons le gardien de notre sœur. Trouvons ensemble cet enjeu commun qui nous soude les uns aux autres, et que notre politique reflète aussi l'esprit de ce projet.

Car nous avons un choix à faire dans ce pays. Nous pouvons accepter une politique qui engendre les divisions intercommunautaires, les conflits et le cynisme. Nous pouvons aborder le problème racial en voyeurs —comme pendant le procès d’O.J. Simpson —, sous un angle tragique – comme nous l’avons fait après Katrina – ou encore comme nourriture pour les journaux télévisés du soir. Nous pouvons exploiter la moindre bavure dans le camp d’Hillary comme preuve qu’elle joue la carte raciale, ou nous pouvons nous demander si les électeurs blancs voteront en masse pour John McCain en novembre, quel que soit son programme politique.

Oui, nous pouvons faire cela.

Mais dans ce cas, je vous garantis qu’aux prochaines élections nous trouverons un autre sujet de distraction. Et puis un autre. Et puis encore un autre. Et rien ne changera.

C’est une possibilité. Ou bien, maintenant, dans cette campagne, nous pouvons dire ensemble : « Cette fois, non ». Cette fois nous voulons parler des écoles délabrées qui dérobent leur avenir à nos enfants, les enfants noirs, les enfants blancs, les enfants asiatiques, les enfants hispaniques et les enfants amérindiens.

Cette fois nous ne voulons plus du cynisme qui nous répète que ces gosses sont incapables d'apprendre, que ces gosses qui nous ne ressemblent pas sont les problèmes de quelqu'un d'autre. Les enfants de l’Amérique ne sont pas ces gosses-là, mais ces gosses-là sont pourtant bien nos enfants, et nous ne tolérerons pas qu’ils soient laissés pour compte dans la société du vingt-et-unième siècle. Pas cette fois.

Cette fois nous voulons parler des files d’attente aux urgences peuplées de blancs, de noirs et d’hispaniques qui n’ont pas d’assurance santé, qui ne peuvent seuls s’attaquer aux groupes de pression mais qui pourront le faire si nous nous y mettons tous.

Cette fois nous voulons parler des usines qui ont fermé leurs portes et qui ont longtemps fait vivre honnêtement des hommes et des femmes de toute race, nous voulons parler de ces maisons qui sont maintenant à vendre et qui autrefois étaient les foyers d'Américains de toute religion, de toute région et de toute profession.

Cette fois nous voulons parler du fait que le vrai problème n’est pas que quelqu’un qui ne vous ressemble pas puisse vous prendre votre boulot, c’est que l’entreprise pour laquelle vous travaillez va délocaliser dans le seul but de faire du profit.

Cette fois, nous voulons parler des hommes et des femmes de toute couleur et de toute croyance qui servent ensemble, qui combattent ensemble et qui versent ensemble leur sang sous le même fier drapeau. Nous voulons parler du moyen de les ramener à la maison, venant d’une guerre qui n’aurait jamais dû être autorisée et qui n’aurait jamais dû avoir lieu, et nous voulons parler de la façon de montrer notre patriotisme en prenant soin d’eux et de leurs familles et en leur versant les allocations auxquelles ils ont droit.

Je ne me présenterais pas à l’élection présidentielle si je ne croyais pas du fond du cœur que c'est ce que veut l'immense majorité des Américains pour ce pays. Cette union ne sera peut-être jamais parfaite mais, génération après génération, elle a montré qu’elle pouvait se parfaire.

Et aujourd'hui, chaque fois que je me sens sceptique ou cynique quant à cette possibilité, ce qui me redonne le plus d’espoir est la génération à venir —ces jeunes dont les attitudes, les croyances et le sincère désir de changement sont déjà, dans cette élection, rentrés dans l’Histoire.

Il y a une histoire que j’aimerais partager avec vous aujourd’hui, une histoire que j’ai eu l’honneur de raconter lors de la commémoration de la naissance de Martin Luther King, dans sa paroisse, Ebenezer Baptist, à Atlanta.

Il y a une jeune blanche de 23 ans, du nom d’Ashley Baia, qui travaillait pour notre campagne à Florence, en Caroline du Sud. Depuis le début, elle a été chargée de mobiliser une communauté à majorité afro-américaine. Et un jour elle s’est trouvée à une table ronde où chacun, tour à tour, racontait son histoire et disait pourquoi il était là.

Et Ashley a dit que quand elle avait 9 ans sa maman a eu un cancer, et parce qu’elle avait manqué plusieurs jours de travail elle a été licenciée et a perdu son assurance maladie. Elle a dû se mettre en faillite personnelle et c’est là qu’Ashley s’est décidée à faire quelque chose pour aider sa maman.

Elle savait que ce qui coûtait le plus cher c’était d’acheter à manger, et donc Ashley a convaincu sa mère ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était des sandwichs moutarde-cornichons. Parce que c'était ce qu’il y avait de moins cher.

C'est ce qu’elle a mangé pendant un an, jusqu'à ce que sa maman aille mieux. Et elle a dit à tout le monde, à la table ronde, qu’elle s’était engagée dans la campagne pour aider les milliers d’autres enfants du pays qui eux aussi veulent et doivent aider leurs parents.

Ashley aurait pu agir différemment. Quelqu’un lui a peut être dit a un moment donné que la cause des ennuis de sa mère c’était soit les noirs qui, trop paresseux pour travailler, vivaient des allocations sociales, soit les hispaniques qui entraient clandestinement dans le pays. Mais ce n’est pas ce qu’elle a fait. Elle a cherché des alliés avec qui combattre l’injustice.

Bref, Ashley termine son histoire et demande a chacun pourquoi il s'est engagé dans la campagne. Ils ont tous des histoires et des raisons différentes. Il y en a beaucoup qui soulèvent un problème précis. Et pour finir, c’est le tour de ce vieillard noir qui n’a encore rien dit.

Et Ashley lui demande pourquoi il est là. Il ne soulève aucun point en particulier. Il ne parle ni de l’assurance maladie ni de l’économie. Il ne parle ni d’éducation ni de guerre. Il ne dit pas qu’il est venu à cause de Barack Obama. Il dit simplement : « Je suis ici à cause d’Ashley. »

« Je suis ici à cause d’Ashley ». A lui seul, ce déclic entre la jeune fille blanche et le vieillard noir ne suffit pas. Il ne suffit pas pour donner une assurance santé aux malades, du travail à ceux qui n’en n’ont pas et une éducation à nos enfants.

Mais c’est par là que nous démarrons. Par là que notre union se renforce. Et comme tant de générations l’ont compris tout au long des deux cent vingt et une années écoulées depuis que des patriotes ont signé ce document a Philadelphie, c’est par là que commence le travail de perfection. »

Traduction de Didier Rousseau et de Françoise Simon
Ammon & Rousseau Translations, New York

jeudi 13 mars 2008

Les tontons flingueurs

Une conseillère de Obama (Samantha Power) qui traite Madame Clinton non sans raison de monstre, un fan de Mc Cain qui lie dans l’inconscient Obama à al-qaïda, une conseillère de l’équipe Clinton de renom (Geraldine Ferraro) qui remet dans la bataille électorale la sensible question raciale, tous étant par la suite mis au ban par leur mentor, voilà autant de faits et bien d’autres qui devraient nous amener à nous questionner sur ce qui peut bien amener ces messieurs et dames à se livrer à de telles audaces en sachant que cela ne saurait rester « impunies ».

A l’exception de Samantha Power, 37 ans, brillante prof de Harvard, il se murmure que ces sorties n’ont rien de spontanée, elles sont voulues, sequencées, pensées, orchestrées en haut lieu. Le but étant de provoquer l’émoi au sein de l’opinion et toucher cette frange extrémiste de la population a qui ces messages subliminaux sont destinés.

Ces honorables tireurs embusqués étant pour la plupart des has-been, ils ont l’assurance que ces sorties ne pourront aucunement nuire à leur carrière sans relief, ni porter atteinte à leur mentor puisque ça n’est pas de leur bouche ces insinuations nocives ont été distillées.

Une campagne électorale, c’est donc des coups officiels, très policés, mais aussi et surtout beaucoup de flèches empoisonnées portées par ces têtes brûlées de l’ombre, dans le but de dire haut ce que le candidat officiel pense tout bas, question que si victoire il doit y avoir, que le vainqueur se le dise que ça ne fut pas facile, et que le vaincu peu scrupuleux n’ait pas de regrets pour n’avoir pas exprimé toute l’horreur, le côté sombre qui sommeille en lui et qui parfois fait corps avec sa nature.

La tournure nauséuse de la campagne Américaine nous donne à croire que sur ce plan de la malice politicienne, Madame Clinton est bien en avance sur son temps. Elle semble exceller dans le domaine.

Cette nouvelle donne politique de plus en plus présentes, actives et décisives dans les campagnes électorales doivent appeler de la part des scrutateurs une re-orientation de leurs appréciations, de leurs regard critique pour ne pas se laisser devancer par ces faiseurs de rois et de présidents.

C’est parce que beaucoup suspecte ces sorties de ne pas être spontanées qu’il va être difficile pour celle qui aujourd’hui mène la danse de la diatribe, d’accéder à ce à quoi elle n’a jamais cessé de rêver : Devenir la première femme Présidente des USA.

Elle peut toujours rêver. C'est aussi ça la liberté d'expression et de pensée.

Le reveil risque d'être douloureux.

mercredi 12 mars 2008

Zimbabwe : Mugabé refait le match

A l'approche des élections générales au Zimbabwé, l'actualité abonde de la défonce des journaux faiseurs d’opinions sur la prétendue décadence de ce pays, faisant écho à ce chorus cacophonique entretenu sur les prochaines consultations électorales qu'on se refuse à trouver libres et équitables, qu'on voudrait faire passer par anticipation pour une mascarade : du déjà entendu.

Ce qui devrait donner à réfléchir c’est que les mêmes mots et formules soient réchauffés, recyclés, remis sur scène, livrés à la masse un peu comme si le monde n’était peuplés que de naïfs-imbéciles-idiots ouverts à tous les mensonges, dénués de jugeote et de sens critique.

Ca est un sujet complexe qu’il me sera donné de décrypter.

On sait aujourd'hui que ce qui préoccupe les affairistes occidentaux associés aux médias, hommes politiques et ONG de pacotille qu'ils subventionnent, ça n’est ni la bonne gouvernance, ni le bien-être, ni la possibilité d’un avenir radieux pour nos frères et sœurs d’Afrique ; leur seule préoccupation, on se devra de se le répéter, c'est l'assurance de disposer d'hommes de paille à la tête d'Etats Africains qui leur offrent à vil prix les fabuleux trésors de ce très riche continent.

Robert Mugabé est de ces dignes fils du continent qui pour les avoir pratiqué, ont compris et estiment à raison qu’il est enfin grand temps que les cartes du jeu en Afrique soient redistribuées par ceux à qui elles appartiennent : Les Africains.

Le Zimbabwé rappelons-le a connu des centaines d'années de domination, de colonisation et d’exploitation barbare blanche sans partage.

Il y'a encore peu d’années, les noirs, dans leur propre pays, en plein 20è siècle n'avaient pas droit à disposer de comptes bancaires, à faire du commerce, à posséder le moindre lopin de terre cultivable. Le racisme couplé à l'injustice sanctuarisé étant passés par là, sous le silence entretenu de cette connerie nommée communauté internationale.

Pour l’Afrique, vidée de sens, de fierté, je préfère le zèle patriotique à l'absence de rêves et d’ambitions tel que nous l'endurons.

Mugabé, touché par le siècle, a choisi de procéder au re-équilibrage des interêts : prendre à ceux qui ne devraient pas en disposer pour donner à ceux à qui il en revient de droit.



La propagande affairiste nous présentera un sombre tableau du décor économique de ce pays, comme si ailleurs, les populations placées sous la coupe de « dictateurs accrédités » furent mieux loties.

L’Avenir de l’Afrique passe par une re-écriture de son histoire, par cette indispensable étape où tout se reconstruit, où après avoir combattu et touché le fond de la libération, on bâtit des fondations durables pour du très long terme. La démarche Mugabé s’en inscrit.

Les populations d’aujourd’hui auront à subir et faire le minimum sacrificiel que requiert l’histoire pour que celles à venir connaissent un avenir des plus radieux, soient maîtres de leurs rêves, de leurs destins.

Pour avoir connu une situation identique à celle du Zimbabwe et avoir fait l’économie d’une re-appropriation de l’histoire, nos frères et sœurs des Antilles ont à devoir faire avec une histoire inachevée qui fait d’eux au jour d’aujourd’hui des citoyens de seconde zone dans leur propre pays, en quête perpétuelle de sens et d’affirmation, jugés exclusivement bons et aptes à n'être que assistants guichetiers à la poste, distributeurs de billets et hôtesses d’accueil à la RATP, à servir d'assistants pisteurs aux sein des forces de sécurité, brefs à avoir à faire avec une existence de subalternes ad-vitam eternan, de père en fils, de fils à petits fils, jusqu'à la fin des temps.

Face au précédent antillais, et à ce qui se dessine pour beaucoup d'autres Etats Africains, l’initiative Mugabé est de celles qu’on aimerait voir faire tâche d'huile.

Que grâce lui soit rendu. Que la providence nous entende.

jeudi 6 mars 2008

Primaires USA : La partition Canadienne

C'est une première dans la campagne Américaine, des échanges privés qui "fuitent" dans la presse de la part d'un gouvernement étranger (Canada) à deux jours d'un scrutin crucial pour le choix du candidat démocrate et ce au moment où une campagne malicieuse laisse à penser qu'avoir fait Harvard, être brillant orateur n'est pas signe d'un talent inoui voilà qui a de quoi donner du relief à cette primaire unique et amener à se poser des questions et établir des parallèles.

La mise à disposition du grand public des échanges entre des officiels Canadiens et un membre de l'équipe de campagne Obama est de ces faits qui donnent à se persuader que tout, absolument tout sera mis en oeuvre pour que la maison blanche ne s'offrît à cet homme exceptionnel qu'est Barack Obama.

On observera dans les jours à venir des saillies du même ordre, on verra probablement des institutions, des groupements d'interêt souvent centenaires oser l'impossible pour que ce qui doit arriver ne fût.

Ce monde est complexe, délicat. Il importe aux uns et aux autres de prendre avec beaucoup de pincettes ce que les institutionnels établis (médias, syndicats, politiques) vous donne à vous persuader. L'équilibre du monde est quelque chose de fort délicat du fait de la diversité, de l'hétérogéneité de notre espace et des ambitions démésurées de certains.

Parfois on se dit qu'on aurait dû garder les yeux fermés, rester ignorants, tant ce monde n'a rien de l'espace de libre-juste-et-non-faussée entreprise que les productions veulent nous faire croire.

La campagne Obama, parcequ'elle se passe dans ce pays où a été pensé la structuration du monde, et où se décidait son avenir, sera l'occasion pour beaucoup de scrutateurs de se convaincre de ce dont "ils s'imaginaient avec raison sans preuves".

Cette élection a tout d'un bon pain béni.

Après la caricature, la fuite gouvernementale, what else ?

dimanche 2 mars 2008

Panafricanisme : Théophile, un modèle d'engagement

Ce qui fait la force, la particularité d'un peuple, d'une nation, c'est avoir avec soi des hommes et femmes aux parcours particuliers, héroïques, qui servent d'inspiration à nos actes, à notre engagement.

Ceux qui ont écrit l'histoire des peuples opprimés d'Afrique l'ont fait de telle sorte que les nouvelles générations ne puissent être submergés d'exemple de bravoure, d'intelligence, d'héroïsme qui inspirent leurs actes, orientent leurs vies.

Nos histoires sont à re-écrire, nos vies sont à re-modeler, nos idéaux sont à re-structurer, à re-inventer.

Grâce entre autres au net nous avons aujourd'hui connaissance du parcours singulier de certains des nôtres susceptibles de bousculer le cours tranquille de nos vies, de nous donner à sortir de la torpeur égoïste dans laquelle nous nous confiniions.

Celui de Théophile Kouamouo en est un.

Jeune et brillant journaliste d'un grand quotidien Français (Le Monde pour ne pas le citer), il a été amené à couvrir la crise ivoirienne dans ses premiers instants. Il lui a été donné de vivre de l'intérieur ce dont beaucoup en était convaincu sans preuves : Une manipulation à dessein de l'information Ivoirienne dans le but de fragiliser le président Gbagbo en proie à une attaque commanditée par les gourous de la Françafrique.

Dans un monde où la propagande incruste dans la tête de la jeunesse Africaine qu'il n'y a de réussite qu'au sein de groupes de renom et autres organismes internationaux, le choix fait par Théophile de démissionner du Monde où on lui prédisait un brillant avenir, et d'embrasser la cause patriotique d'un pays qui n'est pas le sien a marqué des esprits, dont le mien.

Des parcours d'engagement comme ceux-là sont appelés à faire tâche d’huile. Ils appellent de nous deux ou trois qualités essentielles : Esprit de transcendance, sens du sacrifice, amour du prochain combinés à une vraie passion pour tout ce qui touche et se rapporte à nos frères Africains qui avons tant offert et souffert dans ce monde.

L’aventure Théo, heureusement n’en est qu’à ses débuts, il nous est permis de penser que face aux grands défis qui sont les nôtres, il saura nous surprendre par la tonalité, la justesse, la rationalité de ses initiatives.

L’une d’elles aujourd'hui consiste à mettre à disposition un espace d'expression - ivoireBlog - à ceux d'entre vous, nombreux, passionnés d’Afrique, souhaitant disposer partager leurs avis, idées, émotions au travers d'un blog. Faîtes-y un tour, c'est gratuit.

Un dernier mot : Théophile et moi ne nous sommes physiquement et vocalement jamais rencontrés. Son parcours m'a tout simplement semblé singulier, j'ai tenu à vous le faire partager.

Sait-on jamais !!!

Racisme : Obama croqué par un grand journal Israélien

Publiée ce week-end dans « Ma’ariv », Barack Obama en train de repeindre la Maison-Blanche en noire.







C'eût été un acte isolé de la part d'un citoyen lambda on en aurait pas fait cas. Pour le cas d'espèce il s'agit d'une production raciste, pensée, validée, assumée et publiée par le deuxième plus grand journal Israélien.

La publication a été répérée par surinfo qui nous apprend entre autre que ça n'est pas la première fois une icône black est prise à partie par ce journal.

Pour ceux qui veillent sur l'actualité, c'est par des saillies comme celles-ci qu'il nous est donné d'avoir une idée de ce que les uns et les autres ont dans la tête, les tripes, de ce dont ils pourraient être capables et coupables demain.

Ca n'est pas un signal banal, ça traduit une ligne de pensée et de positionnement appelée à être diffusée au sein l'opinion et que nous nous plairons à scruter.

Cette campagne Américaine est loin d'avoir commencé.