
Mon opinion se construit hélas trop souvent avant. Je ne suis pas de ceux là qui à l’annonce d’un best seller courent l’acheter pour après se rendre compte que ce qu’en disaient les médias était surfait.
On remarquera qu’il arrive très rarement que la presse dise du mal d’une œuvre « commerciale » par définition génératrice de publicité, et donc de leur survie. CQFD.
Ayant choisi de ne pas être des premiers à sauter sur les nouveautés, j’ai pour réflexe lorsque un fait nouveau est annoncé à scruter les médias afin de déceler dans le brouhaha des mots ce dont on ne voudrait pas que nous percevions.
Il semblerait que face à la riche actualité (Obama président des USA), à la nécessité de provoquer ce saut transitionnel dont a besoin notre Afrique martyr, l’auteur de l'opus "black bazar" ait choisi de sortir des sentiers battus, de faire dans l’exceptionnel, de lever le voile sur ce dont il est offert à peu d'esprit de cerner : donner à vivre par l’écrit les dissensions entre ces noirs qu’on a trop souvent dépeints comme de gentils-inoffensifs citoyens.
De ce que je retiens de l’interview qu’il a donné au Nouvel Observateur, il apparaît que le but de cet ouvrage soit de casser cette image angélique de victimes innocentes qu’à force de tintamarre l’imaginaire occidental finirait par associer à l’homme noir.
Alain Mabanckou s’emploierait dans son roman à casser du sucre sur ces préjugés avantageux que l’on se fait du nègre, en prenant un soin subtil à faire passer le message comme quoi, ce qui leur arrive aujourd'hui n'est rien d'autre que la conséquence des actes vils et maladroits du quotidien qu'ils posent.
Je ne connais pas cet écrivain. J’ai eu dans un passé récent à me fournir de ses romans dont un (je fais l'effort de ne pas m'en souvenir) je n'ai pu venir à bout n’étant pas fan du style narratoire banania.
Je trouve terriblement maladroit que face à l’immensité des responsabilités qu’est celle des élites, que ceux des fils du continent qui arrivent à se mettre à l’abri du minimum vital, consacrent l’essentiel de leurs aptitudes à produire du matériel qui profite aux bourreaux.
J’ai du mal à trouver des circonstances atténuantes à ceux de nos intellectuels qui pris dans l’ivresse de l’acceptabilité médiatique pense devoir taper sur leurs semblables pour ne pas perdre leur visibilité de nègre de service.
Black Bazar fait partie de cette classe de romans - dont ceux du négrophage Stephen Smith - qu’on se devrait se promettre de ne les lire qu’après avoir fait le tour de toutes ces belles productions litteraires qui concourent au reveil de la conscience nègre, on ne devrait y faire le détour qu’après s’être rassuré qu’on ne participe pas de cette nuisance culturelle qui voudrait que soit pris au piège qui lirait sur la base de fausses promesses.
Qu’il nous soit aussi permis d’user du principe de précaution et l’appliquer à ces oeuvres qui ne font avancer le necessaire combat pour la dignité de l'homme noir, causes justes et nobles ne devant souffrir de la moindre distraction d'où qu'elle vienne. Question de temps.